Pourquoi j'ai arrêté de suivre l'info en continu
#25 - Ou comment j'essaye de reprendre le contrôle sur le contenu de ma conscience.
Bonjour à tous ! Excellente année 2024 à vous 🥳
Je vous souhaite beaucoup d’amour, de bonheur et de réussite dans vos projets pour cette nouvelle année ❤️
J’en profite pour vous remercier de me suivre et de m’envoyer régulièrement des messages, des commentaires pour réagir à mes newsletters.
C’est une vraie source de motivation pour moi, alors MERCI 🫶

Place à l'édition du jour 👇
Pourquoi j'ai arrêté de suivre l'info en continu
8 Français sur 10 se disent inquiets face au changement climatique.
70% des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France.
53% des Français disent souffrir de fatigue informationnelle.
Conflits géopolitiques, inflation, attentats, réchauffement climatique, tensions sociales… Les informations déprimantes s’accumulent et s’invitent dans notre quotidien.
Même lorsque l’on souhaite rester loin d’elles, les infos nous tombent dessus : notifications, réseaux sociaux, discussions à la machine à café…
Bien-sûr, en tant que citoyens, s’informer est à la fois un droit et un devoir : être au courant de ce qui se passe nous aide à former notre jugement et à faire des choix éclairés.
Mais à l’ère de l’infobésité et de la sollicitation permanente, n’arrivons-nous pas à un excès qui affecte notre santé mentale et limite notre capacité d'action ?
Personnellement, j'en suis convaincu.
Cela fait 1 an que j'essaye de reprendre le contrôle de l'information que je consomme et cela m’a préservé bon nombre d’angoisses.
Voici pourquoi j'ai changé mon rapport à l'information 👇
L’infobésité : un phénomène angoissant et paralysant
“Les symptômes de la désillusion sont faciles à observer dans les différentes sociétés dites avancées. Les plus évidents se rapportent à la nonchalance ou à l’apathie qui affecte la vie de tant de nos concitoyens. Les boucliers qui ont servi dans le passé – religion, patriotisme, traditions ethniques, habitudes sociales – ne sont plus efficaces pour un nombre croissant d’individus qui se sentent ballottés par les vents du chaos.” - Mihály Csíkszentmihályi
Avant nous vivions dans monde "de cases", où tout était (à peu près) clair : il y avait les journaux de gauche ET les journaux de droite, la vie pro ET la vie perso…
La technologie a transformé notre société et nous vivons désormais dans un monde de flux, où tout est brouillé : l'information provient de partout et nous n'avons plus vraiment de repères.
Chaque jour, dès le réveil, nous sommes bombardés d'informations et de notifications. En quelques clics, on peut savoir tout ce qui se passe sur la planète.
Sur le papier, disposer d'un tel accès à l'information est une chance inouïe.
En pratique, ce n'est pas si simple.
Car maintenant que l'information est abondante, c’est l’attention des consommateurs qui devient une ressource rare et donc disputée.
Nous sommes sursollicités et dépassés par un tel niveau de stimulations, que nous n'avons jamais connu dans l'Histoire de l'Humanité.
À force de recevoir en permanence ces stimuli négatifs, notre moral en pâtit.
On se retrouve face à une montagne de problèmes, d'injustices et de scandales révoltants... face auxquels nous sommes quasi impuissants individuellement.
Cela provoque de l'anxiété, amplifie la rancoeur et génère de de la souffrance.
Les algorithmes sont d'ailleurs faits pour appuyer là où ça fait mal, en nous montrant au maximum l'information qui nous touchera émotionnellement et qui nous fera réagir.
Par ailleurs, nous ne savons plus nous ennuyer. Nous comblons chaque temps mort par des stimulations.
Notre surconnexion au monde virtuel nous déconnecte peu à peu de nous-même.
À force d'écouter en permanence les signaux extérieurs, nous n'écoutons plus nos signaux intérieurs, ce qui alimente notre perte de repères.
“L’information que nous laissons entrer dans la conscience est extrêmement importante ; elle détermine le contenu et la qualité de notre vie.” Mihály Csíkszentmihályi
Sortir du pilote automatique est essentiel, si l’on veut redevenir maître de notre conscience, de notre expérience et a fortiori, de notre destin.
La sagesse stoïcienne pour faire le tri
"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre." - Marc Aurèle
La sagesse stoïcienne m'a transmis un principe fondamental dans mon rapport à l'information : la dichotomie du contrôle.
L'idée est de prendre conscience qu'il y a dans la vie, 2 grandes typologies de choses :
des choses que nous contrôlons (nos actions, nos réactions, nos émotions…)
des choses que nous ne contrôlons pas (la météo, le comportement des autres, les conflits géopolitiques...)
Nous établissons en permanence des attentes par rapport à des éléments qui ne dépendent pas de nous.
C'est un problème, car en réalité, nous n'avons aucun pouvoir sur la majorité des évènements.
Notre mal-être provient essentiellement de la différence entre nos attentes et la réalité survenue.
Nous ne pouvons pas laisser notre stabilité émotionnelle dans les mains du bon vouloir du monde, de notre entourage ou de la météo.
Créer son projet pour créer ses propres repères
La maîtrise de l’anxiété et de la dépression provoquées par la vie contemporaine exige une plus grande autonomie de chacun par rapport à l’environnement social. - Mihály Csíkszentmihályi
Pour arrêter d'être totalement dépendant des stimulations de la modernité et transformer ma frustration en fuel pour l'action, j'ai changé de posture.
J'ai arrêté de me considérer comme un consommateur de l'information qu'on me proposait.
Je suis devenu créateur de mon projet et j'ai fixé mes propres buts. Ce sont devenus mes repères.
C'est d'ailleurs une solution que préconise le psychologue Mihály Csíkszentmihályi, dans son livre "Vivre, la psychologie du bonheur":
“La personne qui ne s’ennuie pas, est peu anxieuse, s’engage dans ce qu’elle fait et connaît l’expérience optimale fréquemment, possède un soi autotélique (littéralement un « soi qui a ses propres buts »). Cela signifie que les buts de cette personne ne proviennent pas directement des besoins biologiques ni des conventions sociales, mais émergent du soi.” - Mihály Csíkszentmihályi
Pour retrouver la maîtrise de sa vie intérieure, l’individu doit définir un projet de vie et s’engager à fond dans celui-ci.
“Le projet de vie, comme un jeu, prescrit les règles à suivre et les actions à poser en vue de connaître l’expérience optimale et de vivre une vie agréable. Grâce à lui, tout ce qui nous arrive a du sens, pas nécessairement positif, mais du sens malgré tout. (...) Quand l’énergie psychique se concentre sur un projet de vie, la conscience connaît l’harmonie.”- Mihály Csíkszentmihályi
Le projet de vie est comme un filtre qui aide à sélectionner et ordonner l’information, pour orienter l’action.
Il transforme une attention stimulée en attention dirigée.
Vous ne consommez plus l'information par hasard, mais avec une intention en tête : celle de faire avancer votre projet.
Alors, vous allez naturellement distinguer ce qui est en votre contrôle de ce qui ne l'est pas et vous serez moins sensible aux distractions.
Peu importe la nature, la durée et l’ampleur du projet. Chacun doit découvrir et définir son projet de vie par lui-même, en fonction de ses priorités, de ses valeurs, de ses passions.
Avoir un projet de vie nous met en mouvement et nous aide à revenir à l'essentiel :
nos relations avec nos proches
notre santé mentale et physique
nos projets, nos compétences et notre contribution à la société
Précision : bien-sûr, l’information que l’on consomme n’a pas vocation à être toujours utile ou actionnable : la culture, le beau, l’art, le rire, l’étonnement, l’émerveillement et le divertissement nous font du bien et sont indispensables.
Le projet est simplement un moyen pour reprendre le contrôle et ne pas se laisser submerger dans un environnement hyper stimulant.
Conclusion
L’idée de cette édition n’est pas de rentrer dans sa coquille et de se dire “après moi le déluge”.
Au contraire, l’idée est de se concentrer sur ce qui dépend de nous pour avoir un impact positif à notre échelle.
C'est d'ailleurs la conclusion de "Candide" de Voltaire, un célèbre conte philosophique sorti en 1759.
Après avoir voyagé et découvert avec effroi toutes les formes du mal sur la planète, Candide conclut son périple par cette phrase : « Il faut cultiver notre jardin. ».
Cette conclusion invite chacun à exercer ses talents, à faire sa part du travail pour faire progresser la société, en nous préoccupant des problèmes qui sont à notre portée.
En poursuivant notre projet de vie et en cultivant notre jardin, nous pouvons redevenir les capitaines de notre vie intérieure et retrouver notre capacité d’action, pour insuffler le changement qu’on aimerait voir dans le monde.
“Mieux vaut allumer une simple chandelle que de maudire l'obscurité.” - Confucius
PS : Merci d’avoir pris le temps de me lire 🙏 Si cela vous a plu, vous pouvez cliquer sur le petit ❤️ juste en dessous du titre de cet e-mail, laisser un commentaire ou me faire un retour par mail/message privé 💬
Bonne Année Eliott, je te souhaite tout le meilleur pour 2024 ! Merci pour cette belle newsletter 🙌🏼
Alors pour le coup j'ai jamais accroché avec "Candide" lorsqu'on devait le lire au lycée, mais ta conclusion m'a limite donné envie de le relire. "Il faut cultiver notre jardin" : je suis tellement d'accord. Je le fais déjà avec les infos depuis des années mais c'est ce que j'essaye de faire un peu plus avec les réseaux sociaux également. Mais comme c'est mon outil de travail en même temps c'est compliqué de totalement déconnecter.
Bonne Année 2024 Eliott,
Merci de ces judicieuses pensées, pour ma part aucune notification et les nouvelles avec parcimonie, pour continuer à avancer.
Je te souhaite le meilleur pour cette nouvelle année, 😉😊😘