Pourquoi j'ai changé mon rapport à l'engagement
#29 - Le voyage qui a tout changé
Le 22 septembre 2022, j'arrivais à Bangkok plein d'enthousiasme, avec une farouche volonté d'explorer le monde.
C'était tout simplement le rêve : le début de 9 mois de voyage en solo et de liberté absolue. La possibilité de faire tout ce que je veux, quand je veux, sans contraintes.
Pendant un temps, ça a été génial : j'ai vécu des moments extraordinaires et j'ai eu un sentiment de liberté que je n'avais jamais connu auparavant.
Et puis, au bout de quelques mois, ça n'avait plus la même saveur.
À force de changer sans cesse de lieu et de rencontrer sans cesse de nouvelles personnes, cela a fini par perdre de son sens : je ne construisais rien de durable et je devais toujours tout recommencer à 0.
Je devais me rendre à l'évidence : j'avais fantasmé la notion de liberté.
Cette expérience m’a fait complètement changer de perspective sur la vie et particulièrement sur la notion d’engagement.
Le piège de la modernité : chercher l'herbe plus verte ailleurs.
“Nous sommes désormais confrontés à une exigence de faire des choix sans précédent dans l’histoire de l’humanité.” - Barry Schwartz
Notre époque est piégeuse.
Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, grâce aux avancés technologiques, nous ne vivons plus dans un monde de rareté mais dans un monde d'abondance (matérielle, d'informations...).
Bien-sûr, cette abondance est relative : une bonne partie du monde vit toujours dans la rareté, les inégalités s'accroissent dans tous les pays et la pression écologique remet largement en cause la durabilité de ce modèle.
Malgré cette situation encore inégalitaire et incertaine, c'est aujourd'hui dans ce monde que nous vivons. Un monde dans lequel nous avons, en moyenne, de plus en plus de choix à faire, dans tous les domaines.
Nous avons grandi dans une logique du toujours plus :
D'expériences à vivre
De choix de carrière
De biens matériels
Les réseaux sociaux accentuent ce phénomène et nous poussent à la comparaison sociale. On voit sans cesse des gens qui font plus, des gens qui font mieux.
Le problème, c'est que nous ne sommes biologiquement pas habitués à cette abondance.
Pendant des centaines de milliers d'années, nous vivions dans la rareté et nous avions très peu de choix à faire.
De plus, notre vie était régie par les grandes institutions collectives historiques, qui orientaient fortement nos choix (Religion, famille, Etat...). Mais au fil des siècles, ces institutions ont perdu de leur influence.
Les individus sont désormais plus libres de faire des choix de vie.
Mais comme disait Georges Bernard Show :
Liberté signifie responsabilité, c'est pour ça que la plupart des hommes la craignent.
Quoique l'on fasse, désormais, nous devons faire des choix qui, non seulement impactent notre futur, mais définissent aussi socialement qui nous sommes.
Le type d'entreprise que l'on choisit, notre régime alimentaire, nos habitudes culturelles... Tout ce que l'on fait est devenu une manière d'exprimer notre personnalité au monde.
Et c'est une responsabilité qui peut être écrasante.
Nous nous retrouvons désemparés par l'abondance de choix modernes. Chaque choix nous coûte du temps et de l’énergie. Nous hésitons davantage, nous avons peur de l'engagement et cela impacte inévitablement nos relations sociales (un facteur FONDAMENTAL du bonheur).
Nous payons une richesse et une liberté accrues par une diminution substantielle de la qualité et de la quantité des relations sociales. Nous gagnons plus et dépensons plus, mais nous passons moins de temps avec les autres. - Barry Schwartz
On attend toujours LE BON moment, on espère le job parfait et on s'abonne seulement si c'est "sans engagement".
D'ailleurs, on s’est tous déjà retrouvés bloqués devant le catalogue Netflix ou le rayon Yaourts du supermarché, face à l'ampleur des possibilités.
➡️ C'est le "paradoxe du choix" : trop de choix est source d'angoisse, mène à l'insatisfaction chronique et affecte notre bien-être.
Pourtant, toutes les bonnes choses proviennent de l'engagement
“La liberté n'est pas l'absence d'engagement, mais la capacité de choisir”. - Paulo Coelho
En voyageant pendant 9 mois en solo et en explorant la psychologie et la philosophie, j'ai compris que la vraie liberté ne consiste pas à fuir tout engagement, pour "garder le choix", mais plutôt à faire des choix, en pleine conscience.
Parce qu'à force de fuir les engagements, on prend finalement le risque de fuir sa propre vie.
Quand on y réfléchit, les choses qui ont le plus de valeur viennent d’une forme d'engagement :
les relations de confiance et d'amour: de telles relations se construisent sur le temps long et impliquent nécessairement une forme d'engagement réciproque.
la compétence et le plaisir au travail : la compétence vient seulement après un engagement répété sur du temps long dans une tâche définie. C'est au fur et à mesure de nos progrès que l'on finit par prendre du plaisir dans ce que l'on fait.
l'état de Flow : l'état de Flow consiste à être pleinement plongé dans une activité qui nous challenge et déclenche tout un tas d'hormones du bien-être. Le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi appelle même cet état "l'expérience optimale". L'État de flow est, par définition, la conséquence d’un engagement total dans une activité.
En fait, toutes ces choses se construisent via ce que la modernité et la logique consumériste tendent à nous faire détester :
l'effort
l'engagement
le temps long et la patience
Et si finalement, la meilleure façon d'exercer sa liberté était de s’engager ?
Quand on s'engage, on se libère l'esprit. On peut arrêter de chercher mieux ailleurs pour se dédier à ce qui est déjà là.
“Qu’est-ce qui fait de quelque chose le meilleur choix ? Vous. Vous en faites le meilleur grâce à votre engagement. Votre dévouement et vos actions rendent tout choix formidable.” - Derek Sivers
3 pistes d'action pour mieux s’engager
“C’est par le plein engagement dans chaque détail de sa vie qu’il est possible de trouver le bonheur et non par une recherche directe.” - Mihaly Csikszentmihalyi
Voici 3 pistes d’action inspirées du livre "The Paradox Of Choice”, pour apprendre à s’engager dans un monde d'abondance :
1 - Auto évaluation régulière et journaling
La meilleure façon de faire les bons choix est de savoir ce que l'on veut. Et la meilleure façon de savoir ce que l'on veut est d’écouter régulièrement ses ressentis et ses émotions.
Se retrouver avec soi-même pour faire le point et noter ce que l'on ressent au fur et à mesure de ses expériences est un excellent moyen pour le faire. Cela permet de mieux se comprendre, mieux se connaître et mieux savoir ce que l’on veut.
2 - Pratiquer la gratitude
Peu importe ce que nous avons, nous finirons par nous y habituer. Une expérience a mesuré le niveau de bonheur moyen ressenti par les gagnants de la loterie et par des gens qui avaient subi des accidents. Au bout de quelques mois, les 2 groupes étaient revenus au même niveau de bonheur moyen. C’est le principe de l’adaptation hédonique.
Pour réduire l’influence négative de ce phénomène, nous pouvons implémenter une habitude de gratitude. L’idée est de prendre le temps de penser à la chance que nous avons d’avoir telle personne dans notre vie, telle situation matérielle, d’avoir accès à l’eau chaude etc.
Éprouver régulièrement de la gratitude rend plus clairvoyant, réduit le stress et l'anxiété, améliore le lien social et rend plus heureux.
👉 Gardez un bloc-notes à votre chevet. Chaque soir, listez 3 choses qui se sont produites dans la journée et pour lesquelles vous éprouvez de la gratitude.
3 - Limiter la comparaison sociale
Pour faire des choix, Barry Schwartz nous conseille d'apprendre au quotidien à chercher la satisfaction plutôt que la maximisation.
En gros, il vaut mieux définir ses critères en amont et faire un choix qui satisfait ces critères, plutôt que de vouloir absolument toujours ce qui se fait de mieux.
👉 Quand vous avez pris une décision, ne pensez plus au choix que vous auriez pu faire ou au choix que d’autres ont fait.
Concentrez-vous sur ce qui vous rend heureux et sur ce qui donne un sens à votre vie.
“Les gens pensent souvent que quelque chose de « lointain » les rendra heureux. Le fait de déménager dans un nouvel endroit, de trouver un autre emploi ou de rencontrer quelqu'un de nouveau changera ce qu'ils ressentent. Mais le bonheur vous sera toujours refusé si vous croyez qu’il se trouve ailleurs. Le secret est de trouver le bonheur auprès des personnes et des lieux qui vous sont proches. Voyez la beauté des choses qui se trouvent à proximité.” - James Clear
Excellente fin de semaine à vous 🫶
-Eliott
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Toutes les bonnes choses proviennent de l'engagement, je dis oui 🎯
Merci pour cette édition ! Des fondamentaux dont il faut se rappeler !