Comment atteindre l'état de Flow (les secrets du super-pouvoir humain)

#15 - Comprendre la psychologie du bonheur

J’ai longtemps eu un a priori négatif de l’effort. 

En observant la société, j’ai cru : 

• que le travail n’était qu’une corvée. 

• qu’il fallait rentrer dans le moule pour s’épanouir.

• que les temps de loisir étaient surtout faits pour se divertir. 

Je viens de lire un classique de la psychologie contemporaine “Flow, The Psychology of Optimal Experience” (Vivre - La Psychologie du bonheur), de Mihály Csíkszentmihályi et je réalise à quel point ces postulats sociétaux sont loin d’être des vérités absolues. 

Après 20 ans d’étude sur le bonheur, Mihály Csíkszentmihályi présente un chemin différent de ce que la modernité suggère : 

“Les meilleurs moments de la vie, n’arrivent pas lorsque la personne est passive ou au repos (même si le repos peut être fort agréable après l’effort). Ces grands moments surviennent quand le corps ou l’esprit sont utilisés jusqu’à leurs limites, dans un effort volontaire, en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important.”

Le bonheur d’un individu ne résiderait pas dans l’attente passive et ne serait pas lié aux conditions extérieures. 

Il dépendrait avant tout de la capacité de chacun, à maîtriser son expérience intérieure et à s’offrir des “expériences optimales”. 

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Le paradoxe de la modernité : davantage de confort et pourtant davantage d’anxiété

“Bien des gens pensent qu’en changeant leurs conditions de vie, ils régleront leurs problèmes, oubliant que la poursuite incessante du succès matériel – la spirale hédonique infernale – n’améliorera pas leur vie. La qualité de la vie dépend plutôt de la qualité de l’expérience vécue, de l’ordre de la conscience.” - Mihály Csíkszentmihályi

En 100 ans, d’énormes progrès matériels et technologiques ont été faits dans notre société.

Un français moyen vit aujourd’hui plus confortablement qu’un roi du Moyen-âge. 

Indéniablement, la qualité de vie s’est améliorée pour une grande partie de la population. 

On ne peut pas être si affirmatif en ce qui concerne le niveau de bonheur ressenti, l’expérience vécue et le bien-être émotionnel. 

On observe même une hausse récente des niveaux de stress et d’anxiété par exemple.  

“Les boucliers qui ont servi dans le passé – religion, patriotisme, traditions ethniques, habitudes sociales – ne sont plus efficaces pour un nombre croissant d’individus, qui se sentent ballottés par les vents du chaos.” - Mihály Csíkszentmihályi

Les conditions matérielles ne déterminent pas, à elles seules, le bien-être émotionnel des individus.

La perte de sens moderne s’expliquerait surtout par le désordre interne (appelée “entropie psychique”), que connaissent bon nombre d’individus aujourd’hui.  

Mihály distingue 2 états : 

• L’entropie psychique : désordre interne ressenti par un individu, lorsque celui-ci manque de clarté sur les buts à poursuivre ou qu’il reçoit des informations qui menacent ses buts. Cela affaiblit le “soi” et peut réduire sa volonté d’action.

• L’expérience optimale : une situation dans laquelle l’attention est librement investie en vue de réaliser un but personnel, parce qu’il n’y a pas de désordre qui dérange ou menace le soi. On l’appelle aussi l’état de flow. 

À l’état naturel, notre conscience est dans une forme de chaos, donc d’entropie psychique. 

Pour mettre de l’ordre dans ce chaos, nous nous fixons des buts et nous agissons. 

Quand notre attention est concentrée sur la réalisation d’une tâche, le chaos s’estompe. 

En revanche, lorsque nous nous trouvons seuls et que l’attention n’est pas sollicitée, le chaos revient : l’esprit vagabonde, suit des pensées aléatoires et s’arrête sur des choses désagréables ou troublantes. 

Voilà pourquoi nous détestons nous retrouver seuls et sans occupation. 

Pourtant, ces moments sont parfois nécessaires. Ils nous confrontent à nos pensées profondes et nous permettent d’identifier ce qui compte pour nous.

Problème : nous vivons à l’ère du smartphone et de l’infobésité. Nous avons désormais de quoi occuper notre esprit à chaque seconde de la journée. 

On ne prend donc plus forcément le temps de déterminer nos propres buts et on calque notre comportement sur les autres.

“En suivant les impératifs de la génétique et de la culture sans questionnement, la personne cède la maîtrise de sa conscience et devient le jouet de forces extérieures. Celui qui ne peut résister à la nourriture, à l’alcool ou à la sexualité, n’est pas libre de diriger son énergie psychique.” - Mihály Csíkszentmihályi

Si nous n’établissons pas nos propres buts, nous poursuivons des buts “par défaut”, et nous laissons notre attention être occupée par les loisirs les plus “faciles” ou les plus valorisés socialement…

Et ce ne sont, généralement, pas les plus bénéfiques à long terme. 

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L’expérience optimale se trouve à la limite entre confort et inconfort 

“Les loisirs actifs (sports et jeux) produisent beaucoup plus d’états d’enchantement élevé qu’un loisir passif (comme regarder la télé).” - Mihály Csíkszentmihályi

L’état de flow = état mental atteint par une personne, lorsqu'elle est complètement plongée dans une activité et qu'elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. 

Écrire, faire un footing, jouer d’un instrument, être plongé dans une discussion passionnante… Différents types d’activités sont susceptibles de provoquer le flow. 

L’état de flow provoque des changements dans l’activité cérébrale. Les ondes du cerveau ralentissent, améliorant ainsi la concentration et la libre circulation des informations, ce qui entraîne un sentiment « d’exécution sans effort ». 

Parallèlement, de nombreuses hormones du bien-être sont libérées : dopamine, sérotonine, endorphine…

C’est un véritable super-pouvoir. 

Atteindre l’état de Flow, c’est comme avoir l’étoile de Mario Kart.

Quand vous êtes dans le flow, vous avez un sentiment de fluidité, vous êtes tellement plongé dans ce que vous faites que vous perdez la notion du temps. 

Vous débloquez alors des niveaux indécents de productivité, de créativité, de mémoire et d’innovation. 

“Ceux qui atteignent fréquemment cet état développent un soi plus fort, plein de confiance et efficace parce que leur énergie psychique a été investie avec succès dans la réalisation des objectifs qu’ils avaient l’intention de poursuivre.” - Mihály Csíkszentmihályi 

L’état de flow nous fait comprendre pourquoi la modernité et ses nombreuses distractions passives n’engendrent pas une augmentation du bonheur : le véritable épanouissement survient lorsque nous sommes plongés dans une activité qui nous fait grandir. 

Il y a bien-sûr des moments où il faut savoir se divertir et se détendre.

Le problème survient lorsque les distractions passives deviennent la principale source d’occupation d’un individu.

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5 conditions pour atteindre l’état de flow

“La maîtrise de l’anxiété provoquée par la vie contemporaine exige une plus grande autonomie de chacun par rapport à l’environnement social.

Les réactions des individus ne doivent pas dépendre de récompenses et de punitions distribuées par la société. Chacun doit apprendre à se récompenser lui-même, à se donner des buts et à trouver la joie indépendamment des conditions externes.” - Mihály Csíkszentmihályi 

1. Des buts choisis par l’individu 

La première condition de l’expérience optimale consiste à se donner des buts à long terme et à court terme : définir un projet.

Le projet, comme un jeu, prescrit les règles à suivre et les actions à poser en vue de connaître l’expérience optimale et de vivre une vie agréable. Chacun doit découvrir et définir son projet de vie par lui-même.

2. La tâche est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière 

L’expérience optimale constitue un défi difficile, mais atteignable. Pour atteindre l’état de flow, vous devez utiliser vos compétences. 

3. Un but clair et une concentration profonde 

Plus votre but est précis et spécifique, moins vous serez sensible aux distractions. 

Pour atteindre l’état de flow, votre attention doit être fixée sur la tâche à réaliser. Les pensées troublantes ou non pertinentes qui traversent habituellement l’esprit sont  temporairement mises de côté. 

4.  L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate 

Vous avez un retour sur ce que vous faites. Vous pouvez ainsi corriger votre action et l’améliorer. 

5.  La personne exerce le contrôle sur ses actions ; 

Vous disposez d’une certaine autonomie pour réaliser la tâche en question.  

En définissant un projet de vie, en se fixant des buts associés à ce projet et en s’engageant pleinement dans leur réalisation, l’individu ressent une véritable harmonie intérieure, qui donne du sens à chaque expérience de son quotidien.  

Le problème surgit lorsque l’individu est si obsédé par la cible (atteinte du but, récompenses…) qu’il cesse de trouver plaisir dans le présent. 

Dans l’expérience optimale, l’individu se centre sur l’activité pour elle-même et non sur les conséquences de celle-ci. 

Ça n’est qu’une confirmation de ce que disait déjà le sage chinois Lao Tseu, 2 500 ans plus tôt :

“Il n'y a point de chemin vers le bonheur. Le bonheur, c'est le chemin.” - Lao Tseu

Passez une excellente semaine ☀️

-Eliott 

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Quelques ressources pour aller plus loin sur l’état de flow : 

-https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/etat-de-flow-concentration-creativite

-Vivre, une psychologie du bonheur - Mihály Csíkszentmihályi 

-https://www.youtube.com/@riandoris/videos

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